TOUR DE FRANCE AU MONT AIGOUAL

Val-d’Aigoual

Un village dont les premières mentions remontent au XIIIè siècle

Val-d’Aigoual

La commune nouvelle de Val-d’Aigoual est composée des communes historiques de Notre-Dame de la Rouvière et de Valleraugue, s’étend sur un territoire de presque 100 km² (94,84 km²), dont plus de mille mètres de dénivelé entre son point culminant, le Mont Aigoual (1567 m), et la vallée (273 m).

Plus de 50 hameaux éparpillés sur le territoire, témoignant d’un patrimoine vernaculaire riche et toujours préservé, deux bassins versants, trois roches (schiste, granit et calcaire), constituent le socle d’un environnement situé en partie en Zone Cœur du Parc National des Cévennes.

Les plus anciennes mentions de Valleraugue remontent au XIII° siècle, dont l’un des témoins est le pont roman sur l’Hérault. Au fil des siècles, le village s’est étendu, jusqu’à prendre, au XIX° siècle, des allures de petite ville avec une population de plus de 4 000 habitants. Elle devient alors une modeste cité industrielle produisant de la soie et moulinant le fil dans plus de 17 filatures échelonnées le long de l’Hérault ou du Clarou. Il reste des traces de cette époque, visibles dans l’architecture : maisons rehaussées, nombreuses cheminées émergeant des toits, magnaneries pour accueillir l’éducation du ver à soie, et anciennes filatures aux grandes fenêtres de plein cintre.

Valleraugue est aussi le point de départ de la fameuse randonnée dite des « 4000 Marches », magnifique parcours aux variations paysagères multiples qui grimpe au sommet de l’Aigoual. D’autres sentiers ont été aménagés autour du village, en bordure de l’Hérault, royaume des pêcheurs, ou le surplombant, offrant au marcheur des points de vue toujours différents de la vallée.


Enfant, j’ai trouvé dans cette montagne, dans ce haut massif de l’Aigoual, ce que d’autres enfants demandent aux récits d’aventure, aux histoires guerrières : la présence d’un monde héroïque et cette première justification de la vie qui, pour les hommes et pour les peuples, ne peut être faite que par la légende.
André Chamson,
Le Livre des Cévennes, L’Aigoual

Crédits photos : Yannick Michel

Notre Dame de la Rouvière

Le village de Notre Dame de la Rouvière, typique des Cévennes méridionales se situe sur les contreforts immédiats de la montagne granitique du Mont Liron.  Ses maisons se groupent autour de l’église, les calades séculaires descendent vers la vallée de la Valniérette ou montent vers la montagne et ses traversiers. Son exposition privilégiée et ses panoramas remarquables en font un lieu prisé des amoureux de la nature.

Dès le néolithique, les Celtes ont occupé les vallées ensoleillées de Valnière ou du Reynus, situées aux alentours du bourg. De beaux édifices émaillent le paysage, dont l’ancienne filature du Mazel, en surplomb de l’Hérault,  qui en constitue le fleuron.

A 2 km du centre bourg, le hameau médiéval de Puech Sigal a probablement vu la première implantation humaine de la commune. Belvédère d’où la vision s’étend aux quatre points cardinaux, on cultivait jadis le seigle sur ses traversiers ensoleillés. Les anciennes maisons aux cheminées traditionnelles, les calades séculaires et les aires de battage témoignent de l’œuvre des habitants, et on y croise souvent des troupeaux en pâture.

De nombreux sentiers (GR, PR) sillonnent le territoire, au départ des hameaux, et conduisent les randonneurs au départ de Notre-Dame de la Rouvière vers le col de l’Asclier et le Pont moutonnier (l’un des derniers en Cévennes), par la draille toujours empruntée par bergers et brebis. D’autres chemins mènent au menhir du Col du Bès, mégalithe érigé à la croisée des chemins venant de Saint-Martial, du Col de la Tribale, du Col de l’Asclier et du Mont Liron.

L’Espérou

À l’Espérou, c’est la montagne qui s’impose. Ses chalets et ses maisons pentues contrastent avec les habitats en pierre sis en contrebas. Le village s’enorgueillit d’une station de ski familiale (Alti Aigoual), et développe depuis des années des parcours de randonnée (VTT, pédestres et équestres, ski de fond et raquettes), où la forêt non anthropique recèle des trésors, selon les saisons : brame du cerf en automne, atmosphère alpine en hiver, faune et flore exubérantes au printemps, fraîcheur des frondaisons en été. Non loin, près du Col de la Sereyrède, a été fondée « Notre-Dame des Bons Hommes », communément appelée l’abbaye du Bonheur, qui accueillait au XIIè siècle les pèlerins perdus dans le brouillard. Au sommet de l’Aigoual, l’Observatoire, emblème de toute la région, abrite le site le plus ancien de Météofrance. Il accueille les visiteurs pour des expositions et des visites guidées, et sert de repère aux randonneurs. Le bâtiment, construit au XIXème siècle, battu par des vents pouvant atteindre 280km/h, est à présent classé aux Monuments historiques.

Si l’activité autour de la soie fut essentielle pour Val d’Aigoual, comme ailleurs en Cévennes, le patrimoine vernaculaire témoigne aussi d’une autre économie, celle de l’agriculture et du pastoralisme, dont les témoins sont encore visibles : mazets, ponts enjambant les vallats, drailles, toujours empruntées lors de la tranhumance, bergeries, béals, chaussées et gourgues, pour drainer et capter les eaux, arroser hier les arbres fruitiers, aujourd’hui les oignons doux des Cévennes. Ces bâtis en pierre de rivière, en pierre de schiste, en granit, illustrent le savoir-faire des anciens, que de plus en plus de jeunes se réapproprient, à travers la réfection des murs de terrassiers. On peut également voir des traces de l’ancienne vie communale grâce aux fours de village et aux clèdes.

Ce patrimoine représente un bien culturel précieux, parce qu’il raconte l’histoire, les histoires d’un pays, dont André Chamson, Henri Teissier du Cros et d’autres écrivains ont su exprimer la valeur : dès le XII° siècle avec la fondation de l’abbaye du Bonheur, la guerre des Camisards, la résistance Maquisarde, Val-d’Aigoual s’inscrit dans l’histoire des Cévennes. Elle a vu naître des personnages devenus célèbres tels Laurent Angliviel de la Beaumelle qui a défendu la tolérance, le général François Perrier, militaire et géographe de renom, Jean-Louis Armand Quatrefages de Bréau, biologiste, zoologiste et anthropologue.

Val d’Aigoual se tourne pour l’avenir vers la défense de la biodiversité, celle de son patrimoine matériel et immatériel, pour que ses habitants, ses habitués, ceux et celles qui viennent découvrir son territoire gardent dans leur cœur quelque chose de l’émerveillement d’André Chamson.